Les enjeux de la Collectivité Territoriale d'Alsace (anciennement Conseil Unique d'Alsace) : des éléments pour débattre. Institutions d'avenir ou illusion collective ? --- Analyses proposées par Mathieu Lavarenne, président du Cercle Républicain 68 Edouard Boeglin et conseiller municipal (indépendant) dans un petit village alsacien. Plus de 22 000 visiteurs uniques en quelques semaines. Blog qui a "fait se dresser les cheveux sur la tête" de Philippe Richert, référencé par France Info.
19 Mars 2013
Collectivité Territoriale d’Alsace – Referendum du 7avril 2013
Le 7 avril : NON, pas l’abstention !
Ayant déjà publié un article et une infographie sur la question de l'étrange seuil de 25% des inscrits pour le « oui », je suis régulièrement sollicité par des internautes qui se demandent s’il n’est pas préférable de s’abstenir plutôt que voter « non ». Comme l’abstention n’est pas un acte satisfaisant sur le plan démocratique, ces derniers se désolent d’envisager une telle hypothèse. Il sera pourtant bien plus efficace d’accomplir son devoir de citoyen, conformément à ses opinions, sans crainte de favoriser le « oui ». Bien au contraire. Car l'abstention va augmenter le score du "oui" sans pour autant le mettre en danger. Explications.
Ne pas aller voter pour faire tomber la participation, dans l'espoir de faire capoter le projet, c'est une erreur de perspective. Car avec la loi du 16 décembre 2010, nous ne sommes pas face à un taux de participation "classique", mais avec un seuil de votants pour le "oui" qui doit comptabiliser au moins 25% des inscrits pour passer. Autrement dit, la participation globale n’est pas le critère. C’est la participation des partisans du projet qui est en jeu. Pas celle des opposants.
1/ Si le nombre de "oui" n'atteint pas le seuil de 25% des inscrits, dans un seul des deux départements, ou dans les deux, le résultat de la consultation est réputé caduque, quel que soit le nombre de bulletins "non". Il n'y a donc aucun "risque" à voter "non".
2/ Si le nombre de « oui » atteint le seuil de 25% des inscrits, la seule façon pour les opposants au projet d'y changer quelque chose, c'est de voter massivement « non » pour dépasser le « oui » parmi les suffrages exprimés. C'est la logique démocratique.
3/ Si, avec une importante mobilisation des partisans du projet, le « oui » devait l'emporter tout de même le 7 avril, deux possibilités :
Philippe Richert l'a lui-même reconnu: il s'agit de faire voter massivement les Alsaciens pour le "oui", afin de pouvoir peser ensuite sur le Parlement. Dans cette stratégie du chèque en blanc, ce serait donc un atout pour le "oui" que les opposants se démobilisent et préfèrent l'abstention. Ne tombons pas dans ce piège.
M.L.
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La démonstration par les chiffres
Comme le sujet est compliqué (on se demande bien qui a inventé ça, mais on se souvient que Philippe Richert était à l'époque le ministre des collectivités locales qui a porté cette loi du 16 décembre 2010), je vais redire les mêmes choses en donnant cette fois-ci chiffres et exemples.
Il y a en Alsace environ 1,8M d’habitants et 1,2M d’entre eux sont inscrits sur les listes électorales (ces chiffres sont arrondis, tout comme ceux qui suivront, afin de faciliter la compréhension).
Sur ces 1,2M d’inscrits, on compte grosso modo 500 000 inscrits dans le Haut-Rhin et 700 000 dans le Bas-Rhin.
Pour l’emporter, le « oui » doit réunir 25% des inscrits dans chacun des deux départements séparément, soit 125 000 voix dans le Haut Rhin et 175 000 voix dans le Bas Rhin.
--> Imaginons maintenant que, dans le cas du Haut-Rhin, sur 500 000 inscrits, 150 000 d'entre eux soient déterminés à s’abstenir. Il resterait donc 350 000 électeurs intéressés par ce débat, pour ou contre le projet : soit une participation potentielle de 70%.
Imaginons toujours que parmi ces 350 000 électeurs potentiels, 150 000 souhaitent voter « oui », soit 40% des inscrits. Le seuil des 25% d'inscrits serait donc atteint.
Il resterait donc 200 000 citoyens hésitant entre le « non », le blanc, le nul ou le choix d’une abstention supposément « stratégique ».
Conclusion
Le choix d’une abstention « stratégique » destinée à faire échouer le projet est donc une erreur. Quand on est opposant au projet, s'abstenir et inciter d’autres opposants à faire de même est totalement contre-productif.
Si un électeur souhaite que le projet ne passe pas, il doit logiquement aller voter « non ». Au moins pour faire monter le score du « non » et minimiser celui du « oui » en cas de victoire pour ce dernier. Au mieux pour faire monter la participation au-dessus de 50% dans l’objectif de mettre le "oui" en minorité.
Pour faire trébucher le « oui » (étant donnés les résultats du premier sondage), il convient donc de faire monter le plus possible la participation, mobiliser les opposants, convaincre les indifférents et ceux qui pensent actuellement qu'il est préférable de s'abstenir.
L’enjeu est aussi de mettre en lumière le grand malentendu du « oui » et montrer à nos concitoyens, a priori favorables à condition qu’il y ait des économies et de la simplification, que ce ne sera justement pas le cas, comme l'affirment des promoteurs du projet, comme Charles Buttner, président du conseil général 68, ou des opposants de taille, comme Constant Goerg, ancien président du CG68, Jean Ueberschlag, ancien député maire de Saint-Louis ou encore Pierre Freyburger, conseiller municipal de Mulhouse et conseiller général.
Mathieu Lavarenne
Président du Cercle Républicain 68 Edouard Boeglin
Conseiller municipal indépendant
L'analyse des résultats :
--> En Alsace, c’est « non » ! (où l’on trouvera des éléments d’analyse pour comprendre les résultats du 7 avril 2013 et faire le bilan de la campagne référendaire).
D'autres articles :
--> La notice d'information "hors la loi" - pour quoi votera-t-on : un projet ou une fusion ?
--> Le schéma trompeur de la notice dite d'information
--> Le Non (censuré !?) de Bernard Notter, vice-président du Conseil général du Haut-Rhin !
--> La prudence avisée des Conseils de développement Mulhouse-Thur-Doller
--> Les médias qui protègent le "oui"
--> Le flop des réunions pour le "oui"
--> Menace sur les communes ! Où est la proximité ?
--> Des infographies pour mieux comprendre le Conseil d'Alsace
--> Appel au débat contradictoire : où sont passés les partisans du oui ?
--> Rien n'est joué d'avance... : la mobilisation sur internet sera cruciale : pour un non de raison et de prudence
--> Pourquoi ils diront "non" : Constant Goerg, Jean Ueberschlag ou encore Pierre Freyburger
--> Sondage : le grand malentendu du "Oui"
--> Oui - Non : deux poids, deux mesures ?!? Lettre ouverte à la présidente de l'Université de Haute Alsace
--> Economies, êtes-vous bien là ?
--> Comprendre les enjeux du seuil de 25% des inscrits
--> Charles Buttner : ni économies, ni simplification, mais plus d'autonomie
--> L'Eurométropole ET le Conseil (pas unique) d'Alsace
--> Histoire et principes de la structure départementale
--> L'oubli de la France !
--> Referendum en Alsace : un chèque en blanc ?
--> CTA : le flou artistique !
--> Pour un débat public et responsable
--> Vers la suppression des 25%?
--> Comment transmuer le simple en complexe (et vice-versa)
--> Le referendum d'initiative locale : mise en perspective.
--> La Collectivité Territoriale d'Alsace : LES DOCUMENTS.
--> Un Conseil pas Unique du tout : le Conseil Complexifié d'Alsace
--> La surenchère régionaliste en Alsace.