Les enjeux de la Collectivité Territoriale d'Alsace (anciennement Conseil Unique d'Alsace) : des éléments pour débattre. Institutions d'avenir ou illusion collective ? --- Analyses proposées par Mathieu Lavarenne, président du Cercle Républicain 68 Edouard Boeglin et conseiller municipal (indépendant) dans un petit village alsacien. Plus de 22 000 visiteurs uniques en quelques semaines. Blog qui a "fait se dresser les cheveux sur la tête" de Philippe Richert, référencé par France Info.
13 Mars 2013
Collectivité Territoriale d'Alsace - Consultation publique du 7 avril 2013
Le grand malentendu du « Oui »
Le premier sondage sur la Collectivité Territoriale d'Alsace vient d'être publié alors que les électeurs commencent à s'y intéresser. Et le constat est cruel pour les partisans du projet car les sondés y sont a priori favorables (à plus de 70% mais avec une participation relativement faible). Mais pour 60% d'entre eux, ils sont favorables à condition de faire des économies et d'être vraiment plus efficace. Or, c'est justement là que le bât blesse. Le "oui" se fonde donc pour le moment sur un grand malentendu.
Le 4 février dernier, le président du Conseil Général du Haut-Rhin, Charles Buttner, reconnaissait publiquement qu'il n'y aurait « sans doute pas d'économies ». De fait, les économies annoncées actuellement sont de « 30 millions d'€ sur 5 ans », pour un budget cumulé de 2766M€, soit 0,2% du total. Le fait que Philippe Richert ait récemment fait monter les enchères en public à 100M€ (en réunion à Strasbourg), cela donne environ 10 euros d'économie par an et par habitant. Quand on compare avec les hausses considérables d'impôts locaux qui ont suivi les derniers transferts de compétences, et notamment par le biais des budgets des communautés de communes et d'agglomération dont les prélèvements ont flambé, avec des augmentations parfois à des deux chiffres, on est à des années-lumière de ce qu'attendent les électeurs.
Le sondage parle aussi de « structure unique » plus efficace. Mais avec une assemblée d'Alsace à Strasbourg, un conseil exécutif à Colmar, deux conférences départementales, huit à douze conseils de territoire de vie, et une flopée de présidents et de vice-présidents, on est très loin de toute simplification.
Il faut d'ailleurs souligner que le statut dérogatoire d'eurométropole pour Strasbourg, récemment confirmé, avec des compétences départementales et régionales, sortira la capitale alsacienne de la compétence du Conseil d'Alsace, en faisant d'elle « le siège d'un territoire qui n'est pas le sien », comme le regrette Charles Buttner lui-même.
On marche décidément sur la tête.
En l'état actuel du projet, qui désorganisera ce qui existe, sans gain véritable, ne pas voter « oui » est donc un choix de raison et de prudence.
Mathieu Lavarenne
Président du Cercle Républicain 68 Edouard Boeglin
Conseiller municipal indépendant
NB du 29 mars 2013 :
Lors de la réunion "Bisel dit oui" (lundi 25 mars) à laquelle j'ai assisté, Charles Buttner est revenu sur la question des économies : "A propos des économies annoncées tout à l'heure par Philippe Richert, si on arrive à faire au moins autant qu'aujourd'hui, ce sera pas mal. Mais ce qui ne sera pas dépensé dans un coin sera nécessairement réorienté sur d'autres dossiers, par exemple le social, dont les dépenses ne peuvent qu'augmenter". Il répète donc toujours la même chose : il n'y aura pas d'économies, si ce n'est à la marge.
Deux jours auparavant, le journal L'Alsace (qui n'a jamais laissé aucune place, malgré les plus cordiales sollicitations, aux communiqués du Cercle Républicain 68, dont grosso modo le texte ci-dessus) avait publié un article intitulé "Autant que des économies, le conseil d’Alsace devrait permettre plus d’efficacité" (L'Alsace du 23 mars), répondant indirectement aux contradicteurs, mais sans jamais leur donner la parole. On appréciera.
--> Lien vers le blog en général
L'analyse des résultats :
--> En Alsace, c’est « non » ! (où l’on trouvera des éléments d’analyse pour comprendre les résultats du 7 avril 2013 et faire le bilan de la campagne référendaire).
Quelques autres articles, en attendant les prochains :
--> La notice d'information "hors la loi" - pour quoi votera-t-on : un projet ou une fusion ?
--> Le Non (censuré !?) de Bernard Notter, vice-président du Conseil général du Haut-Rhin !
--> La prudence avisée des Conseils de développement Mulhouse-Thur-Doller
--> Les médias qui protègent le "oui"
--> Menace sur les communes ! Où est la proximité ?
--> Le flop des réunions pour le "oui"
--> Appel au débat contradictoire : où sont passés les partisans du oui ?
--> Rien n'est joué d'avance... : la mobilisation sur internet sera cruciale
--> Le 7 avril : NON, pas l'abstention !
--> Economies, êtes-vous bien là ?
--> Point de vue de l'historien Georges Bischoff : "ne pas se tromper d'Alsace"
--> Ils diront non : les arguments de Constant Goerg, Jean Ueberschlag ou encore Pierre Freyburger
--> Conseil d'Alsace : des infographies pour mieux comprendre
--> Oui - Non : deux poids, deux mesures ?!? : Lettre ouverte à la présidente de l'Université de Haute-Alsace
--> Charles Buttner : ni économies, ni simplification, mais plus d'autonomie
--> Comprendre les enjeux du seuil de 25% des inscrits
--> La question de la suppression des départements et le double langage politique
--> L'Eurométropole ET le Conseil (pas unique) d'Alsace
--> L'oubli de la France !
--> Referendum en Alsace : un chèque en blanc ?
--> CTA : le flou artistique !
--> Pour un débat public et responsable
--> Vers la suppression des 25%?
--> Comment transmuer le simple en complexe (et vice-versa)
--> Le referendum d'initiative locale : mise en perspective.
--> La Collectivité Territoriale d'Alsace : LES DOCUMENTS.
--> Un Conseil pas Unique du tout : le Conseil Complexifié d'Alsace
--> La surenchère régionaliste en Alsace.